lundi 21 avril 2008

Nocturne

Un cri réveille la nuit et étouffe mon sommeil. Il terrasse mon corps en dépit de la couette, nivelle le cœur et l’estomac, et disparaît avec la clef de voûte de l’arche thoracique. Clé de sol d’un éboulement répercuté. Ma colonne vertébrale se précipite dans la gorge, gouffre encaissé où viennent résonner les vibrations de cette corde insensible. Où le blanc silence marque la portée du cri. Viol d’un violon écorché – et les rêves lointainement même égratignés. Sans égard pour la décalcomanie de mon sommeil fossilisée, drapée dans ma panique, un pied dans le ciel, l’autre sur la moquette, j’ouvre la fenêtre et les volets grincent dans le silence plein d’échos. La rue baigne dans son éternité ambrée – elle n’est agressée que par mon irruption. Suspendue dans mon écoute, je vois des lumières s’égrainer dans le quartier - quelques pétales de rose rouge qu’un marchand de sable a octroyées aux rêveurs pleins de désir. L’épine, tombée sur le point névralgique de la ville reprend son œuvre de déchirure, quelque part. Elle ouvre les veines du sommeil et laisse s’échapper les rêves, qui tombent à terre comme on tombe amoureux. Elle taillade l’inconscient. Comprime le corps - dilate la chair – convulse la sérénité. Palpitation de panique. Mon pyjama livide tombe sur mon épaule. Dehors, la chaleur organique de l’instinct en alerte – à l’intérieur, la lourde fraîcheur nocturne, anonyme. Les hurlements glaçants ont paralysé la nuit. La température est devenue une couleur, violette d’indécision, entre le danger brûlant et les veines bleutées. Violet d’une angoisse étranglée. Venu d’une artère vidée, un souffle erre dans la rue – refermer le cœur battant de la fenêtre. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, le bruit du silence est entré dans ma chambre – il bourdonne sans issue, mais il aura disparu demain matin. Les draps palpitent par monts et par vaults – les sens en éruption. Je redoute que se rouvre le cri, alors le vide grésille d’échos avortés. D’échos amorcés. De corps morcelés. C’est alors que…

mardi 8 avril 2008

Préci’yeux

Reflet déteint - scelle l’âme ou. Retient l’eau trouble – du désir. Miroir sans tain, mouroir de l’envie. Marécage à désir et. Des œillets stagnent, prêts à être lancés – contre la paroi bleu-verre d’eau, s’écoule une opacité translucide. Tréfonds concave où l’on s’enivre, convexe et on divague. A l’âme sous globe où l’on s’englue, sanglot – désire tant et. Vitre cristalline.