samedi 13 juin 2009

Agaçant

J’ai commencé à rencontrer quelqu’un. Il me déçoit sans cesse. J’essaye de le trouver sous les étiquettes dont je l’ai pourvu je ne sais trop quand et qui l’ont mis à une distance respectable : ça colle. Sur les doigts ou avec lui, des bouts de jupons, de snobisme, d’assurance indifférente, vaguement pédante et d’autres défauts trop indistincts pour pouvoir même figurer sur des étiquettes. Je n’arrive pas à m’en défaire. Il est agaçant, je lui dis. Et à mon scepticisme devant son contentement, il exhibe le Littré :

• 1 Qui agace, qui fait mal aux nerfs. Ce bruit est agaçant. Cette femme est agaçante par son bavardage.
• 2 Qui excite, qui attire. Propos agaçants, manières agaçantes.

Il m’agace.
Et je me corrige : il m’énerve.
Il m’énerve de ce que je ne puisse pas dire qu’il m’agace.
Ou ne m’agace-t-il pas de ce que je ne puis dire qu’il m’énerve ?
N’est-il pas d’autant plus agaçant qu’on ne le puisse dire tel ?
Si encore c’était en m’embrassant qu’il m’ôtait la parole −

(il m’agace)

4 commentaires:

Bamboo a dit…

Oui, oui, c'est ça. C'est exactement ça.

J'aime bien les parenthèses.

le vengeur masqué a dit…

Et maintenant, alors, il agace ou il énerve, le bougre ?

(il valait mieux publier le 13, le 14, ç'aurait été râpé)

khâryatide a dit…

Bamboo >> Les parenthèses sont un signe de ponctuation sans égal - sauf les "dashes" anglais (qui ont cependant un peu la même valeur de rupture, ou qui viennent nuancer voire trancher sans pour autant contredire ce qui précède).

Vengeur masqué >> Question aussi rhétorique que le caractère masqué de la vengeance. Bien sûr, il énerve, mais comme il attire aussi, il agace. (Ceci était un exemple de réponse en trois parties de type oui-non-merde)
(rassure-moi, tu as fait une vérification des archives mail ? Ce ne serait pas humain d'avoir une telle mémoire des dates - surtout lorsqu'elles ne figurent sur aucune chronologie d'histoire)

alena a dit…

Celui-là est excellent!