jeudi 25 décembre 2008
des miettes de phare dans les arbres
leurs flots immobiles et la rivière dans la rue
au cou de la ville
sur sa poitrine sourde près
d'un cœur des émeraudes des saphirs des rubis
se condensent sur la vitrine
piquetée de gouttes du bus
sur le sol étoilé et la nuit niée
par son néon
Nature (im)mort(alisé)e
mardi 28 octobre 2008
Légende de quartier
Une Ondine frappe facétieusement
à la fenêtre et le long d'elle
ruisselle en giboulées blanches.
Son rire jaillit en continu.
Puis la vitre la réfracte
dans sa fontaine publique
et le bus s'éloigne
des gloussements joyeux.
samedi 25 octobre 2008

- Tu ne devrais pas restée attablée ici, à boire.
- Tu le fais bien.
- Je ne risque pas de tacher une robe de deuil. Que va-t-on penser ?
- Si tu mets une robe, que tu fais le deuil de ta raison, mon garçon – de toute façon, il n’y a presque personne.
- Je me demande de quoi on a l’air, comme ça.
- De nous.
- Oui, mais si on ne se connaissait pas ?
- Alors nous aurions l’air…
- …de deux ivrognes.
- Non pas. D’une mère et de son fils… ou de deux amants, tiens, un peu marginaux, un peu rêveur…
- Et lui serait en train de lui décrire l’endroit lointain où il veut l’emmener…
- … une ville méditerranéenne aux contours irréels à force d’être nettement découpés par le soleil. Puis des cyprès qui ne seraient plus en deuil et agiteraient leur frondaison dorée.
- J’en prendrai un comme une plume pour la tremper dans le fleuve et créer cet endroit. L’encre même tournerait silencieuse mais avec de doux mouvements de tendresse, des débordements contenus, des odeurs fruitées et un goût enivrant. Le cercle du vin tangue dans son verre, dans sa main.
- Oui, je vois la même chose dans mon verre. Est-ce qu’on pourrait nous voir ? Quelqu’un ?
- Il s’évanouira comme un mirage à peine aperçu venant à nous par le pont de notre imagination.
- Tout de même, il nous surprendra. Sauf si… et elle vide son rêve d’un trait.
jeudi 17 juillet 2008
Le pickpocket
comme un crabe,
la pince aux aguets.
Regards furtifs de gauche
,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,et
,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,de droite
lascif, prêt pour son larcin.
L'air de ne pas y
toucher, désinvolte
et discrètement indiscret,
il glisse
sa main dans la poche de sa proie.
Elle n'y prend garde, pigeon vole et
lui ne craint pas les représailles.
Elle, glisse
sa main dans la poche arrière de son jean
à lui.
[Ils s'embrassent.
Crime parfait.]
mercredi 16 juillet 2008
dimanche 22 juin 2008
L’être et l’étang.
;;;;;;;;; Le sol ressemble à une vieille gaufre en plastique qui aurait un peu fondu au soleil. Gaufre saupoudrée de papiers à défaut de chocolat et parsemée de mégots en guise de vermicelles. Les sièges ont la panse bien trop pleine de ceux qui ne sont pas tout à fait restés sur les rails – à ma droite, en diagonale, un a la vieillesse maigre et vomit du rembourrage par petites quintes inaudibles. Les vitres brinquebalent leurs messages d’amour ambulants – et ses grandes ratures. Le métal n’est ni brillant, ni froid, ni sonore ; terne, il collectionne en un grand capharnaüm des relevés d’empreintes digitales. Un grenier sans souvenir ni trésor, mais les bactéries doivent certainement en tenir lieu – c’est sans doute ce qui me retient d’aller ramasser l’épluchure journalière. Une rame de train, quoi. Vide, voilà. Mes yeux ont fini d’en faire le tour. Mais lui est loin d’avoir clos sa boucle. Le tableau qu’offre la fenêtre est une croûte. Pas envie de la casser, tous ces trucs gratuits sont indigestes. Des bandes de vert, éclaboussées de gris. Le gris n’est pas monotone, toujours sale, ou entre-deux – c’est la couleur de l’indécision. L’uniformité est l’apanage du vert quand la nature se réduit à cette vague vomissure verte qui borde les chemins de fer. Le siège à ma droite est toujours à l’agonie. La vitre est toujours raturée comme un mauvais poème. Mes pieds sont à leur place, attachés par la bride de mes sandales. Le siège en face est stoïque comme les troncs d’arbre qui doivent défiler quelque part sous la verdure grisâtre. Toujours marron. Devant, c’est vide. Je lève les yeux au ciel – un couvercle même pas nuageux. Je fais bouger un peu mes pieds, aux ongles abimés par les pointes, mais le spectacle de marionnettes n’est pas amusant sans spectateur. Je lâche les ficelles et les pieds s’écrasent par terre avec un bruit aveugle. Je regarde ailleurs. Non, je vois ailleurs. C’est tout aussi inintéressant, d’ailleurs. C’est marron, c’est vert. Tiens, il prend forme. Le train ralentit, comme si c’était encore possible. Une petite vignette bleu sombre me confirme que j’ai signé mon début de mort. Arrêt prévu à Versailles. C’était Denfert en même temps. Je ricane toute seule sur mon humour pourri. Couleur locale. Vert et marron, toujours ce duo sans antithèse. Ma petite robe rayée blanche et noire fait grise mine. Elle ne devrait pas être là, elle ne devrait pas avoir sauté dans le premier train. Elle aurait dû s’apercevoir plus tôt que le train faisait la grande boucle. Présentement, je hais le conditionnel passé. Puis tant qu’on y est, je hais le vert et le marron – je vous fais un prix de groupe. Le sol n’est toujours pas de marbre et s’obstine à rester muets à toutes les provocations de mes talons. Bien. Je tourne la tête à gauche et explore la fenêtre, le boudin noir qui l’encadre à ravir, méprise sa tenue dégainée, son double jeu de vitrage. Et puis d’abord, comment la crasse réussit-elle à s’insérer dans ce vide ? Cette question métaphysique a fait déraper mon regard. Dévié sur la paroi couleur rocheuse, il s’affaisse par terre. Rebondit sur sa dureté, est renvoyé sans réfléchir par le métal et tombe étouffé entre l’assise et le dossier du siège. Je le tire de là et il fusille toute la rame en représailles. Le siège éventré me regarde d’un air outré. On passera outre, mon cher. Mais il me barre le chemin de toute son étendue marron. Je sais d’avance que l’issue de secours est verte. C’est insupportable. Mais il le faut bien ; alors le cuir mou des sièges se dégonfle, le métal se tanne et les vitres se chargent de raturer le paysage pour moi. Faisons un effort. Il y a des arbres le long de la voie ferrée, des rangées de sièges dans la rame que j’occupe à défaut de m’occuper. Il y a des feuillages qui défilent et des boudins marron qui se défilent. C’est vert et marron, quoi. Qu’est-ce qui n’est pas vert et marron, d’ailleurs ? Mais mon sac est noir, voilà un peu d’espoir. Ma main farfouille pour moi et identifie une carte de transport, un plan du réseau urbain d’Ile-de-France (ricanons), des mouchoirs, une bouteille d’eau (une gourde dans ce désert) et un livre. Je sors le Roman comique, mais les mots vont aussi lentement que le train et refusent de s’assembler en phrases – des wagons un jour de grève. Le Destin est lancé dans quelque épopée qui ne m’amuse pas. A croire que l’encre est verte et marron. Verte et marron. Marron et vert. En vert et contre le marron. Marron, vert, marron, vert, vert, marron, vert, marron, vert, vert, vert. Essayer de ne plus penser. Oui, c’est ça, ne plus penser à rien. Je vais devenir moi-même verte. Ne plus penser à rien. J’y suis presque. Les formes se dégonflent comme des ballons de baudruche, les couleurs s’estompent. Presque, presque. Rien. Là. J’y suis là, non ? c’est rien, là. Ce n’est rien, plutôt. Je ne pense plus à rien. Je ne pense plus au vert et au marron. Je ne… Je pense encore au vert et au marron. Ils coexistent, comme Versailles et Massy Palaiseau sur le plan. Succession des étiquettes bleu sombre, plantées sur leur poteau gris comme des sucettes amères. Un court arrêt dans l’espace, une faille dans le vert et le marron, un gouffre dans le temps. L’être et l’étang. Stagnant. J’en ai marre.
Les étiquettes bleu sombre continuent par ricochets.
Encore trois stations. Encore. Dans trois stations, j’arrive à Versailles.
Dans trois stations j’arriverai à Versailles.
Dans trois stations j’arriverai à Versailles.
Dans trois stations j’arriverai
Dans trois…
______
Qu'ils nous filent les résultats et qu'on en finisse.
lundi 16 juin 2008
Dead love letters
Du mal à trouver le sommeil – grincement de dents dans l’engrenage de mon cerveau. Je me suis fait des films, on m’annonce aujourd’hui que la séance n’aura pas lieu. Il faut donc, en résistant à la tentation de les débiner, ranger les bobines de cette histoire cousue de fil blanc. Les images étaient bonnes, le montage chimérique ? La bande a été coupée : il n’y aura pas de happy ending à l’américaine. Remâchez votre pop-corn.
*
because you attracted me
because we danced together
because I allowed us to kiss
because I checked how far our homes were
because I feared to seem a fool
becauses smiles passed by
because you wrote me “I love you”
that you prefer not to love me,
is it ?
*
Le bonheur est dans le caniveau
ces souvenirs
comme une canette de coca
écrasée.
et mains dans les poches,
allons prendre un verre.
*
I told him "I love you", him that I had never seen
and he asked me “Who am I?”
- I was unable to answer
Echange e contre a
Deux verres dans la cuisine
Une veste dans l’entrée
Une autre dans le salon
Une chemise dans l’entrée
Un pantalon pendu à sa ceinture et une robe jetée par terre sur le seuil de la chambre
Un soutien-gorge au pied
dimanche 15 juin 2008
Bal manqué
hit against
night’s cruel beauty
and promptly laid
an enchanted egg.”
R. Brautigan
La tête dans les nuages, je fais l’autruche. Sur le sable que j’ai par-dessus la tête, des couples dansent, disparaissant derrière et devant les dunes, parfois éclipsés par un aveugle soleil. Sur d’implacables accords et des courbes poudreuses, les hologrammes valsent au son d’une basse. Tempérament de lave et mouches de basalte volent dans les airs, et virevoltent les robes gonflées par l’air orageux, tandis que les hauts-de-forme s’entêtent à suivre à quelque distance les cols cousus de fil blanc. Un parfum de lourde transparence.
L’autruche bat des ailes comme une otarie. Je ne vais pas vous pondre un œuf.
an ostrich
a delicate bird ?
jeudi 22 mai 2008
A-mi-chemin
[Ecrit aux dernières vacances, mais avec le concours...]
La valise atterrit à côté d’un jeune de mon âge. Celui-ci est moins mon soucis que celle-là. Je la hisse dans ce qu’on appelait autrefois un filet à bagage, mais le danger de l’Orient express ou l’effritement poétique du Paris-Rome n’étant plus, elle atterrira sur une plaque en verre – moins filet à provisions, plus grand comptoir. Par transparence on peut apercevoir la doublure rouge de mon manteau, assortie à la valise, en camaïeu avec le train. Une petite contorsion pour relancer la ceinture en tissu qui pendouille, et un cambré pour retrouver l’équilibre et s’affaler à sa place. Triturer son sac, le poser à ses pieds, le reprendre pour trouver le billet, le reposer par terre et tenter de le faire glisser sous le siège, le faire pivoter pour qu’il entre plus facilement dans le sens de la longueur. Suspendre ses gestes. Puis régler l’inclinaison du siège, mon prédécesseur ayant visiblement confondu transat et siège. Et puis soudain, il n’y a plus motif à s’agiter. M^me plus prétexte. Je prends l’air absorbé de celle qui s’est déjà soustraite au vacarme turbulent du départ – la contenance de celle sui fait tapisserie. Un sac passe au-dessus de ma tête, une main a failli me tirer les cheveux en s’appuyant contre l’épaule du siège. Les gens se parlent au-dessus de vous et leur corps plus encombrant que leurs bagages empiète sur l’espace qu’un bout de papier vous a octroyé ; tant que le train n’est pas parti, vous restez dans l’attente que la file cesse. Comme au théâtre où le public mal installé et jacassant se trouve de poule réduit à faire la carpe, les voyageurs se trouvent à leur place quand le train démarre. Un pan de mon œil – un pan seulement puisque avec les voyageurs parqués le cloisonnement des gens a commencé – note des mains qui glissent le long de la tablette sur le siège avant, sur le point de la déplier et la replace. L’autre la rejoint et elles s’étirent – involontairement l’œil remonte le long des avant-bras. Un regard aussi peu discret qu’indiscret grappille des lèvres charnues, entrouvertes, ébahies de stupidité. Des lèvres indécises qui fixent un passager puis l’autre, sans tressaillir, murmurer, ni se fermer. Il n’a pas l’air aidé, le pauvre garçon. Jugement sans appel. J’ai le mépris condescendant facile ces derniers temps. Après quelques regards haineux adressés à la nuque d’un pianiste de téléphone et quelques manipulations de sac de pure oisiveté, je me décide à sortir le polycopié sur la colonisation. Et un stabilo bleu – qui n’a pas beaucoup servi depuis Ovide. Le processus de déculturation en Algérie avance à un rythme soutenu, ce qui n’est pas vraiment le cas de ma lecture. Le pianiste entame un duo, le conducteur ses instructions et informations pour rejoindre le wagon-bar, la môme d’à-côté, un film et ma patience. Prête à médire sur le compte d’une fan de Harry Potter pour le plaisir d’une anacoluthe. Allez, littéraire de mes deux, un peu de rendement, - souligne, stabilote, droit tant qu’à faire. Entre la lecture et la noyade des points phares (il y a toujours un point phare qu’on s’empresse d’éclairer au fluo), des instants de flou. Un mouvement à ma gauche aboutit à faire apparaître un magazine. Sûrement de foot. La curiosité est cependant plus forte que le mépris. Sciences humaines. Mon mépris en prend un coup. Il multiplie même les courbettes pour faire place à une estime un peu trop soudaine pour ne pas être au moins au début une forme d’excuse – et de sauvegarde d’amour-propre. Les lèvres ne me parlent pas autant qu’un magazine. Pauvre idiote avec tes réflexes de khâgneuse. Tu condamnes les apparences, mais imprimées sur un papier glaçant, elles font jurisprudence. Les pages se tournent à gauche tandis que de mon côté je retourne péniblement mon poly relié d’un côté puis de l’autre, avance rapide et retour en arrière avec arrêt sur image, toujours la même double page écartée, d’un côté puis de l’autre, comme un steak qui refuserait de cuire. C’est à point nommé que la politesse crue de mon voisin vient assaisonner mon manque de motivation flagrant. En Terminale ?non, quelques deux ans de plus. Ah bon, c’est que c’est ce qu’on vient de faire, j’ai vu Abd-el-Krim. Et moi j’ai vu Nietzsche. On voit qu’on est vachement à ce qu’on fait. La conversation s’engage. Enfin non, nounous engageons dans la conversation. Il n’y a pas cet effet mécanique et impersonnel de la forme réfléchie. Seulement la matière de l’apostrophe. Pas de distanciation par les poses articulées, la proximité l’empêche, tandis que le rejet premier prévient toute dégradation en promiscuité. Des a priori contrariés : il n’y a peut-être pas de bases plus saines. Pas d’envie de plaire, juste se plaire à échanger nos vies. Un Terminale S qui, lorsque je lui dis khâgne me demande si je suis en classique. Et moi de lui avouer que maths sup n’est pas ma spé et que je suis à des années-lumière des classes étoiles. Il rit simplement. Les noms des grandes prépas parisiennes fusent dans notre conversation comme les hauts lieux d’un monde commun. On rêve de croisades sous les bannières d’Henri IV et de Louis-le Grand ; j’essaye de lui expliquer les mythes au quotidien, mais le mythe ne se raconte pas, il se répète et varie, se déforme. A juxtaposer ces lieux communs contradictoires, il se fera une idée de lui-même. Du travail, certes. Pas besoin d’enfoncer le clou. Ni le sandwich que je viens de sortir et sur le quignon duquel je scande mes hésitations. Les formules restent mathématiques, assez d’affinités et mon appétit se porte bien. Je mange et nous parlons. On sème des idées, lui des sourires et moi des miettes. Je ne m’étouffe même pas pour pouvoir répondre plus vite. Les silences sont déjà comblés par l’incessante vie du wagon – il n’y a pas de tour de parole, seulement de roues. Pas de question pour dresser la fiche-type – je me suis déjà trompée pour le cataloguer- chacun a dessiné une porte à sa monade et l’a ouverte en même temps, un instant pour renouveler l’air. Pas de chansons préférées, des sœurs venues en comparaison, peut-être même après les contrôleurs. Il finit ce que je prends à peine la peine d’identifier comme des sandwichs aux cornichons. Je ne les ai pas vus sortis du sac ; ma part de gâteau au chocolat a disparu sous mes paroles. Il tourne la tête vers la fenêtre (parce qu’il en a envie. Comme une évidence. Il ne se donne pas une contenance, ne cherche pas l’inspiration ni à me fuir. Je ne cherche pas à m’abîmer dans la contemplation de la tablette grise devant moi – grise par habitude, d’ailleurs, je ne me souviens plus de sa couleur – et laisse ma tête dans le même angle. A la place de son visage, il y a de courtes boucles noires, avec un peu de gel auquel colle ma première impression. L’échange reprend, si tant est qu’il ait jamais été interrompu – souple, lâche, ponctué de silences et d’accents, haché de reprises et vivant de pauses rebondissantes, souples, lâches… Des phrases affirmatives côte à côte, séparée par un accoudoir. Chacun à sa place, mais en regardant dans la même direction. Deux monologues qui s’entendant. Qui s’étendent.
Le train met un peu de temps à arriver. Je ne dis plus rien parce qu’il est déjà parti et le môme derrière persiste dans son excuse « Mais je croyais que c’était un monsieur, maman. » La mère veut que ça finisse. Moi pas forcément. Avant de descendre, on se sépare, enfin il nous sépare d’un « Bon courage » que je rends mutuel. Les sacs. Le marchepied. La valise. Les escaliers. Le hall. La sortie. Ma correspondance dans vingt minutes. Et d’une à l’autre, ses parents en chauffeur de taxi. Je roule mon hésitation d’une porte vitrée à l’autre et m’appuie sur ma valise. Il ne se retourne pas – il n’a aucune raison de se retourner. Lui demander son adresse mail ? Pour que l’échange se tarisse et avoir la météo de Clermont-Ferrand ? Je ne pense pas vraiment à cela sur le moment. Une longueur de valise. Je sors un crayon à papier et une feuille de brouillon que je pie et glisse dans ma poche. Je traîne mon déambulateur de grande indécise pour être dans l’axe de la porte vitrée. Il n’y a plus personne. Alors je composte le billet de ma correspondance et avant de pleurer le retour de la poste restante, je me souviens de la double page à laquelle son magazine est resté ouvert pendant qu’on discutait. La mémoire, Bergson et Nietzsche. Il faut oublier pour se souvenir. En chapô, en bas, en haut-de-caste rouge. Il faut oublier pour réinventer. A l’encontre, à l’envers et à l’endroit, je veux des rencontres, des malgré moi. Sourire. Des souvenirs. [Et des moi(s)].
lundi 21 avril 2008
Nocturne
mardi 8 avril 2008
Préci’yeux
Reflet déteint - scelle l’âme ou. Retient l’eau trouble – du désir. Miroir sans tain, mouroir de l’envie. Marécage à désir et. Des œillets stagnent, prêts à être lancés – contre la paroi bleu-verre d’eau, s’écoule une opacité translucide. Tréfonds concave où l’on s’enivre, convexe et on divague. A l’âme sous globe où l’on s’englue, sanglot – désire tant et. Vitre cristalline.
samedi 8 mars 2008
gestes esquissés à main déliée
Soufflet
samedi 1 mars 2008
Petit crachin et bourrasques fantasques
Un grand bruit vient jeter des éclats bleus – le charbon est parti en électricité. Pourtant l’humeur des gens à l’intérieur semble avoir été noircie au fusain – mine de charbon. A défaut d’être dans le ciel, la lumière n’est pas dans leur visage – c’est tout juste si l’électro luminescence des loupiottes bleues se reflète dans leurs deux gouttes d’eau. Les clignements de paupière hébétés empêchent de s’en assurer. De chaque côté de la rame, la pluie nervure les vitres mais personne ne prend la peine de déchiffrer ces feuilles raturées - emportées par le vent.
Avance rapide hypnotisante. Il flotte une morne quiétude. Aucune surprise donc à voir une anguille de néons serpenter à côté du train – lorsqu’on est en sous-matin, il ne faut pas s’attendre à être escorté de dauphins. Excroissance lumineuse du train, elle le poursuit comme son ombre, tantôt bannière d’un ciel détoilé, tantôt anguille sur roche. Si j’étais d’humeur fantaisiste, j’irais lui faire calligraphier quelques ondulations à côté de la carpe d’Arizona Dream. Mais ne nous dispersons pas ; déjà il faut rappeler son absence pour la faire descendre en même temps que soi.
Le trajet est aussi homogène qu’un itinéraire tracé sur une carte. Une coquille d’impression cependant : un escargot immortalisé en une éphémère mosaïque.
Au bout du train, le trajet est pointless. Le point final sera un rond-point d’où repartir rondement. Pour ne pas rimer à rien, j’arrime cet instant à ma fantaisie débridée ; le final fantasque s’emballe et sème derrière lui le médiocre moyen. Pas même à pleurer, le ciel s’en chargera pour moi.
Sac sur le dos, recroquevillée sous la coquille de mon parapluie, mon imagination hermaphrodite extrait sa nourriture à petites visions gorgées d’eau – à ma suite, la pluie en bave d’envie. J’allonge ma traine et j’épouse le décor. Toiles des tréfonds et accessoires improbables : un arbre planté là a été oublié, les feuilles jaunies à la peinture pas encore sèches – imparfaitement accrochées d’un seul côté du tronc. Il fait tache que le décorateur ait oublié la sienne circonflexe. Sortie du jardin côté cours – soulevant mon parapluie au-dessus de l’embrasure, je tire mon chapeau au ciel bien bas et le salue tout haut. Blafard et grisé comme un clown lunaire il en pleure de rire. Les éclats en constellent le dôme de mon chapiteau et applaudissent à mes pitreries silencieuses.
Bien cachée à l’intérieur de moi, j’ai découpé deux fentes d’où je puis voir sans être vue, tapie dans l’obscurité. Sur scène, devant mes yeux, derrière le quai d’en face, les feuilles font tapisserie. Parfois le vent en fait danser une ou deux, s’arrête, et alors toutes, suspendues à son souffle, frémissent d’être sa nouvelle partenaire. Sur cette valse monotone traversent des allegros aussi vivaces que fugitifs ; ils zèbrent et écaillent ce mur des feuilles en lambeaux, affichent dans un soupir leur museau. En déchiffrant la partition, l’on s’aperçoit qu’ils sont tout une portée à tracer un labyrinthe effacé. Prise de museau dans une voie à sens unique – envoyez valser la prise de tête.
Le crescendo de la pluie fait tomber le rideau depuis le câble du chemin de fer, et l’étoffe ondule sous l’effet du vent. Les bourrasques brouillent tout, mon champ de vision ne capte plus, mes antennes ne reçoivent rien. L’écran grésille jusqu’à ce que l’on change de chaine. La rétine éberluée est lors mitraillées de bleu électrique et de rectangles étirés au-delà des 24 images par seconde réglementaires. Un arrêt sur image et je prends la lecture en marche. C’est l’épilogue, l’anguille est toujours là et la carpe remonte le cours des accélérations rapides avec entrain. Mais pour que l’on ne me prenne pas pour une folle, je reste aussi muette qu’elle.
lundi 25 février 2008
Une silhouette de papier
Une silhouette de papier. Pas une photographie publicitaire ou une tentative de découpage chinois. Non, une silhouette taillée dans l’épaisseur de la feuille, dans le poids de leur accumulation. Façonnée par de petits signes noirs qui courent en lignes droites et pourtant s’enroulent autour de la figure qui disparaît sitôt les signes défaits. Une silhouette qui a de la consistance et à laquelle on s’adresse volontiers, même si l’on ne voit pas ses yeux, que l’on peut lire à cœur ouvert, même si l’on peut aussi choisir de la renfermer dans ses liens d’écriture. Plus réelle que le papier même sur lequel les impressions tracent son code ADN. Une silhouette de papier.
Métaphores effilées
Bribes, fragments, éclats, murmures, miettes de mots. Multitude à revêtir par toutes les humeurs.
Au fil d'associations de sonorités ou de vagues idées nébuleuses. Un collier de métaphore dont on perd le fil... s'est effiloché...